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Une faible dose de caféine a des effets sur la performance

Synthèse critique de l'article " Ergogenic Effects of Low Doses of Caffeine on Cycling Performance "

Ecrit par Nathan T. Jenkins, Jennifer L. Trilk, Arpit Singhal, Patrick J. O’Connor, and Kirk J. Cureton

Publié dans l'International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism en 2008 volume18, p328-342

Synthèse rédigée par Stewen Boidel*
*UFR 'Santé, Médecine, Biologie Humaine' - STAPS
Université Paris 13
74 rue Marcel Cachin
93017 BOBIGNY Cedex
France
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La caféine est utilisée comme ergogène par de nombreux sportifs. Son effet passerait par une baisse de la perception de l’effort (RPE, Borg 1974), dans laquelle la diminution de la douleur musculaire locale pourrait être impliquée. Cette étude traite des effets de doses de 1, 2, 3 mg/kg de caféine sur la performance, le degré de douleur ressentie dans le quadriceps et le changement du D-RPE (Pandolf, 1978), un indice différentiel composé de trois échelles graduées ; une pour les composantes du système nerveux central (RPE-O, O pour ‘’overall’’) ; une pour les composantes local (RPE-L, L pour ‘’leg’’) et une pour les composantes cardiorespiratoires (RPE-C, C pour ‘’chest’’). En effet, il existerait des éléments en faveur d’un rôle de la caféine sur la performance lors d’exercices prolongés (30 à 60 min) à raison de doses comprises entre 1,3 et 13 mg/kg de poids corporel, ingérées sous forme de boissons de l’effort, carbonatées ou riches en électrolytes. Cependant des doses faibles n’ont jamais été utilisées sous forme de caféine pure. En conséquence, les effets de la caféine pure à faible dose sur l’amélioration de la performance restent à démontrer.

Le protocole consistait à faire effectuer chez 13 cyclistes durant 15 min un exercice à 80% de la VO2max sur ergocycle, suivi d’une récupération active de 4 min, puis 15 min à l'allure la plus rapide possible, simulant un effort de fin de course. Le travail fourni en kJ/kg sur le dernier exercice était retenu comme critère de performance.

Les résultats montrent que les doses de 2 et 3 mg/kg augmentèrent respectivement le travail fourni de 3,9 et 2,9 % avec cependant de grandes variations individuelles. Il n’y avait pas d’effet de la caféine sur le D-RPE ou le degré de douleur ressenti dans le quadriceps. On observe aussi une augmentation de la ventilation, de la concentration sanguine de lactate et de VO2max avec ces deux dosages contrairement à l'ingestion de 1 mg/kg.

Il semble donc exister un seuil d’efficacité de la caféine pure qui se situerait entre 1 et 2 mg/kg. A en croire les auteurs, la dose de 3 mg/kg aurait paradoxalement moins d’effet que celle de 2 mg/kg. Cependant, 8 cyclistes sur 13 ont cru qu’ils avaient reçu la plus haute dose de caféine, le jour qui correspondait à leur meilleure performance, alors que 2 sur 8 seulement avaient effectivement reçu cette dose. Ce phénomène de « croyance » pourrait expliquer la part de variations interindividuelles sur les résultats. L'absence d'effet sur le D-RPE ou sur le degré de douleur ressenti dans le quadriceps, parait en désaccord avec les études antérieures. Les auteurs suggèrent que l’intensité de l’exercice ou la concentration de caféine ont peut être été respectivement trop élevées et trop faibles pour prétendre voir des effets hypoalgésiques. L’augmentation du métabolisme aérobie et de la ventilation suite aux doses de 2 et 3 mg/kg sembleraient suffisantes pour expliquer l’amélioration de la performance.

De futurs travaux devraient permettre de déterminer l’origine des variations interindividuelles concernant les propriétés ergogènes de la caféine.

Stewen Boidel - STAPS