Sortie Club 2024 - Ventoux (Bédoin)

Salut pasqup01,
Merci pour ces CR, un régal à te lire, un autre à me remomérorer les miennes de l'année dernière qu'ils ont fait remonter à la surface, un dernier à partager tes plaisirs et tes belles perfs.
Chapeau à toi et à tous tes copains !

Si je peux me permettre d'apporter mon écot, jusqu'à l'année dernière, ce n'était pas une montée qui me faisait rêver (y en pas pas qui me fassent rêver), mais en le parcourant, et en arrivant à son sommet, j'ai tout simplement été "saisi" par le voyage intérieur qu'elle procure. Malgré tout le cirque des motos et des cyclos tricheurs (VAE ou déposés à mi-pente), la sensation de magie qui se dégage du versant sud et de l'arrivée au sommet, je ne m'y attendais pas du tout. Ce qui m'a le plus touché :
- La joie générale au sommet : tout le monde est content, ça devient communicatif, il y règne une atmosphère légère qui vous embarque dans l'euphorie ambiante.
- La sensation de se dire : "ah ouais, ceux qui l'ont fait ont bien raison d'en parler comme ils en parlent". Quoi qu'en disent certains, ça m'a paru vraiment dur, je trouve qu'il est difficile de ne pas y ressentir un sentiment d'accomplissement sportif.
- C'est un sommet qui a une âme, on a le sentiment d'y être dans le ciel et non sur une montagne.
- L'amoureux des paysages et l'amoureux de la géographie que je suis n'a jamais rencontré en montagne un tel spectacle visuel.

Un dernier truc, si je peux me permettre une anecdote plus perso, mais qui compte pour ce que j'ai ressenti l'année dernière. En 1999, à l'oral du CAPES, je suis tombé au commentaire de géographie sur "Le Comtat Venaissin", avec un dossier d'une dizaine de docs, dont un qui était une photo du Ventoux. L'oral avait un gros enjeu, puisque je m'étais planté à la leçon d'histoire (j'apprendrai avec la collante que j'y avais eu 04/20...). J'ai un peu donné tout ce que je savais et tout ce que je pouvais... Lors de la demi-heure de reprise, le jury, après pas mal de questions sur les divers points de mon oral, a beaucoup insisté sur cette montagne. J'avais l'impression que ça n'en finissait jamais et il est arrivé à un moment où je n'avais plus rien à dire à partir de mes connaissances scientifiques universitaires, alors j'ai répondu avec mes connaissances sportives, des trucs du genre "Le bleu du ciel est dû aux effets ondulatoires du mistral (ma pratique du planeur), ou encore "la couleur blanche, c'est le calcaire de la chaîne des Baronnies et du Lubéron" (ma pratique de la grimpe), etc... Pour le vélo, que je ne pratiquais pas du tout à l'époque, j'ai sorti un truc comme "le Ventoux est un lieu iconique du TDF, lui-même monument mémoriel iconique du patrimoine immatériel de la culture française". Les trois gars du jury ont franchement rigolé. En partant, y en a un qui me dit "dommage que vous ayez séché sur la disparition des puits naturels entre 1850 et aujourd'hui". D'un coup, j'étais effondré, persuadé d'avoir loupé complètement mon oral, alors que j'avais eu le sentiment durant mon exposé, puis lors des questions jusqu'au Ventoux, que je m'en étais très bien tiré. En fait le juré voulait me dire en langage crypté que j'avais réussi sur tout le reste. J'ai eu 17/20, la 3è meilleure note de tous les candidats de cette année-là (environ 1500). Et même si j'ai eu un note très correcte à la troisième épreuve (un truc sur la montagne), j'ai toujours eu le sentiment que c'est le Ventoux qui m'a permis de devenir prof.

Donc, l'année dernière, j'y ai ressenti un sentiment de dévotion païenne en remontant ses flancs...

Merci ! Alors, raconte-nous comment s'est passée la disparition des puits naturels dans le Ventoux.

Oui, moi aussi je veux la suite !!

Je me permets une remarque déplacée et une question impertinente :
- ils t'ont mis 17 alors que tu as dit Lubéron ?
- le col des Tempêtes est-il un col ?

Evidemment, ne te fatigue pas à me répondre...

Sinon, et sans vouloir pinailler, je comprends tout à fait ton ressenti : j'ai moi-même été submergé en arrivant au sommet en 2017, au bout d'une semaine de vélo entre copains, mon père était là, Bradley Wiggins aussi ... N'empêche que la montagne en elle-même ne me fait pas rêver, je ne saurais dire pourquoi ; est-ce parce que je l'ai "rencontrée" dans un cadre très organisé où les questions de logistique me préoccupaient ? J'ai ressenti une émotion plus intense à Pike's Peak, que je ne connaissais que de nom une semaine avant de la monter et sans personne avec moi, ou même au Galibier sans le monter, en accompagnant un pote, saisi que j'étais par le paysage de Plan Lachat jusqu'au sommet. Dans les 2 cas, une forme de vertige, au sens propre du terme, que le Ventoux ne m'évoque pas.

Franchement, si on regarde l'altitude des monts de chaque côté du col, on peut dire que la plateforme à droite n'est pas un mont. C'est quasiment sur la ligne de crête...
L'altitude au col des Tempêtes est de 1829m, celle sur la "plateforme" culmine 5m plus haut, à 1834m...
Un coup de buldozer, et hop, plus de col !

Bah c'est pas le col le plus exubérant qui soit, mais tout y est : l'ensellure sur la ligne de crête, le changement de bassin versant. 'Y en a même plein d'autres sur cette ligne de crête.

Oui, il doit y avoir un mini col juste à côté de la tête de la Grave.

gillesF78 écrit:

Merci ! Alors, raconte-nous comment s'est passée la disparition des puits naturels dans le Ventoux.

La question pour les puits naturels, ce n'était pas sur le Ventoux mais sur la huerta de la plaine à son pied (fr.wikipedia.org/wiki/Huerta). Comme il n'y a pas de reprise ou de correction pour un oral de CAPES, j'en suis toujours au stade des conjectures... Je pense qu'ils attendaient une réponse autour de l'électrification et de l'automatisation des systèmes d'irrigation à partir des années 1950, qui ont permis d'amener l'eau depuis les canaux qui étaient plus éloignés du centre des champs.

Sans vouloir faire le prof, mais simplement parce que c'est une merveille naturelle que je trouve de toute beauté, y a pas de puit d'eau naturel pour le Ventoux puisque toute l'eau y disparait dans l'impluvium de l'exurgence de la Sorgue, à Fontaine de Vaucluse : fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_de_Vaucluse

Dépêchez-vous de grimper le Ventoux, puisque un jour il n'existera plus !!

Rhaaaa... J'ai pas fini de me faire charrier avec ça, ici...

T'as répondu par toi même, je crois. Si je devais défendre ça face à des universitaires, j'aurais utilisé l'expression d' "ensellure" en effet. Dans le concept de col, y a une dimension de taille spatiale qui n'existe pas du tout pour le col des tempêtes, comme le dit Gilles.

Et oui, pardon, c'est le Luberon, mais il me semble que dans les docs que j'avais, il était parfois inscrit "Lubéron" ou Luberon". Et avec mon accent occitan, si j'avais été repris, j'aurais sortie une ânerie du style "les félibres le prononcent avec l'accent aigu sur le "e"".

En plus, il semble que j'aurais eu raison : www.luberon-sud-tourisme.fr/decouvrir-luberon-su...avec-ou-sans-accent/

Circus écrit:

Ce qui m'a le plus touché :
- La joie générale au sommet : tout le monde est content, ça devient communicatif, il y règne une atmosphère légère qui vous embarque dans l'euphorie ambiante.

Je te rejoins particulièrement sur ce point. Stam l'a dit pour notre périple de 2017 où, au fil des arrivées, à chaque fois nous attendions le suivant pour l'acclamer plus fort. Et j'ai retrouvé cette ambiance cette fois-ci encore (notre groupe mais aussi l'ensemble des arrivants)
Pour illustrer une tof du groupe ci-dessous








Je pense que son caractère isolé (tous les sportifs du coin monte celui-là, il n'y a pas de dispersion sur l'ensemble du massif), et sa plateforme finale participent à cela.
Pas facile d'avoir un équivalent ailleurs. Par ex, sur les montées mythiques :
- Massif central : Puy de Dôme = bonne configuration mais montée interdite...
- Alpe : Alpe d'Huez = j'ai jamais compris pourquoi l'arrivée (panneau) est "caché"... on y croise personne
- Pyrénées : sans doute le Tourmalet est assez proche de cette expérience, avec une plateforme point de vue et un troquet. Mais les gens y restent moins pour le célébrer (certains sont pressés d'enchaîner d'autres ascensions)



A ce titre, cette ambiance aussi a été très marqué en fin d'apm, quand j'ai fini mon cinglé. Il n'y avait quasi plus que des cinglés de la journée sur la plateforme, cela se voyait à l'allure des gars (pas trop pimpim, plus de VAE, etc.) mais aussi la grande fatigue sur les visages. De fait la conversation se faisait naturellement et on échangeait sur l'enchaînement (toi dans quel ordre, etc?) avec le plaisir du partage à ce moment privilégié

Bon, à la lecture de vos aventures et de vos commentaires, je ne sais pas si je dois en saliver d'avance ou m'inquiéter. La "Cinglée" devrait être mon challenge 2024, sans doute mi-juin. Je vous raconterai.

Au passage si quelqu'un pouvait renommer "Bédouin" en "Bédoin" dans le titre... ce n'est qu'une petite faute d'orthographe mais ça pique un peu les yeux Merci.
(si c'est faisable simplement/techniquement, bien entendu)

Sa...perie de correcteur orthographique... je me suis aussi fait avoir plusieurs fois avec les SMS à des copains etc.

J'ai édité dans mes messages, mais je ne sais pas éditer le titre : merci le(s) modo(s) qui passe(nt) par là

EDIT : c'est déjà fait, trop fort les modos - encore merci

pasqup01 écrit:

Je pense que son caractère isolé (tous les sportifs du coin monte celui-là, il n'y a pas de dispersion sur l'ensemble du massif), et sa plateforme finale participent à cela.
Pas facile d'avoir un équivalent ailleurs. Par ex, sur les montées mythiques :
- Massif central : Puy de Dôme = bonne configuration mais montée interdite...
- Alpe : Alpe d'Huez = j'ai jamais compris pourquoi l'arrivée (panneau) est "caché"... on y croise personne
- Pyrénées : sans doute le Tourmalet est assez proche de cette expérience, avec une plateforme point de vue et un troquet. Mais les gens y restent moins pour le célébrer (certains sont pressés d'enchaîner d'autres ascensions)

Grand Colombier.

Christoph3 écrit:

Grand Colombier.

Ah, je note !... Je ne connais (hélas) que très mal le massif jurassien

Je n'y suis passé qu'une seule fois en course, pleine bourre (dernière étape du Tour de l'Ain cyclo, ça bataillait fort pour le général ^^)... mais la vue presque 360° au sommet vaut le détour je pense
Et je comprends ta remarque pour l'Alpe : faut vraiment avoir la trace en tête pour ne pas se gourrer au dernier rond-point : à tel point que sur une grimpée chrono qui arrivait au panneau officiel (et non au Vieil-Alpe, avant le tunnel... ou devant le Palais des Sports, comme à la Marmotte), on s'était gourré de route avec Joris

Mais c'est clair que le Ventoux est une montagne "phare" pour tous les les cyclistes résidant autour (j'allais dire PACA, mais dans le 04/05/06 on trouve d'autres cols fabuleux et pas isolés les uns des autres ).
Et de toute manière si l'ascension est mythique, y'a bien plus joli et tranquille à faire aux abords immédiats (montée par Villard-Reculas / Pas de la Confession, ou Sarenne).

Col du Sabot par Vaujany

Col du Chaussy par les lacets de Montvernier

Donc Bedouin, Bédouin, Bedoin ou Bédoin ?