Bon ben voilà, c'est fait...
D'habitude au club, quand une montée nous fait mal, on use d'une expression un peu vulgaire : "sa mère la p*te!" ; là, j'ai maudit toute la lignée maternelle... Je ne me croyais pas aussi accro à l'oxygène...

Départ de Colorado Springs direction Pikes Peak à 8h30, j'ai commencé par un gros problème de cales : les Speedplay que j'ai récupérées ne devaient pas être compatibles avec les pédales, après un rodage sommaire il m'a fallu faire toute la sortie avec la chaussure droite desserrée pour pouvoir déchausser en cas d'urgence... Ensuite l'épisode "autoroute" : coup de bol pour moi, des éboulements ont amené les services d'entretien à neutraliser la voie de droite sur 3,5 des 5km qu'il y avait à parcourir dessus ; jusqu'à ce qu'une demoiselle de la DDE locale m'interdise d'y rouler. Arrivé au pied de la montée, je me fais tout de suite délester de 15$ ; je n'ai pas senti la différence immédiatement, ni après. Le début est dur sur 1km à 10%, puis tout à fait gérable jusqu'au réservoir de Crystal. Là, bizarrement, on redescend sur près d'1km, ce qui revient à mes yeux à griller des cartouches inutilement. On est à 2800m d'altitude, jusque là tout va bien...
La suite est plus que coriace : à partir de 3000m, c'est 10km à 10% ; et les effets de l'altitude se font sentir dès 3300m... arrivé à 3900m, il ne me reste que 2 lacets avant d'arriver à un replat, mais plus moyen d'avancer, je fais un break pour me forcer à manger car depuis le début des choses sérieuses la nausée m'empêche de m'alimenter... Et côté boisson, chaque gorgée revient à faire 10 secondes d'apnée, c'est compliqué...
Bref, les 3km suivants sont bienvenus, j'en profite pour tourner les jambes, mais les 3 derniers à près de 10% de moyenne sont un vrai calvaire. Complètement vidé, je termine la dernière rampe littéralement "à pied", à 5km/h.
La redescente est un vrai régal, au moins après le poste de contrôle des disques de frein des bagnoles. En bon français, j'ai remonté la file de voitures, me suis fait enguirlander par la maréchaussée, me suis platement excusé, et ai gagné le droit de faire les 2/3 inférieurs de la descente sans voiture pour m'obstruer la route. 3h52 pour les 48km/2500m+ de montée, à peine plus d'1h pour la redescente.
Pour résumer, sans le recul et avec le vif souvenir des douleurs de la journée, je garde d'abord l'impression que ce genre de montée doit être appréhendée avec une bonne acclimatation à l'altitude. Et là, 8 jours à 1600-1800m ce n'est soit pas assez haut, soit pas assez long. Dans quelques jours je garderai sans doute la satisfaction d'avoir grimpé une montagne mythique ; alors je vais aller me coucher pour que le temps passe là-dessus

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