De mon côté j'abordais cette Alsacienne dans une optique un peu différente de d'habitude. En partant sur l'indomptable et ses 4500m de D+, j'avais quelques doutes sur mes capacités à boucler le parcours dans de bonnes conditions.

Seul objectif de la journée, finir si possible en moins de 7h.
Le réveil à 5h40 pique un poil pour un dimanche matin mais la motivation a vite fait de dissiper le sommeil. Je rejoins Cernay en vélo en un petit quart d'heure d'échauffement tranquille. Je me positionne rapidement dans le sas 25min avant le départ.
La course est neutralisée jusqu'à Wattwiller mais dès les premières pentes du Vieil Armand, les fauves sont lâchés. De mon côté je m'impose de monter à i3 ce qui me fait reculer dans le peloton rapidement avant de remonter petit à petit des petits groupes partis plus vite. Les sensations ne sont pas formidables certainement à cause de l'heure matinale et du petit dej' pas encore bien digéré.
Courte descente vers le col Amic avant de reprendre l’ascension vers le grand ballon. Toujours sans me mettre dans le rouge je fais l'effort pour me détacher de mon groupe qui ne monte pas assez vite à mon goût et revenir sur le groupe de devant avec qui je bascule au sommet.
Longue descente ensuite par palier vers la vallée de la Thur en passant une première fois par le Markstein. On est une quinzaine au pied du roulant col de Bramont et bien calé dans les roues je monte à 20Km/h sans faire trop d'efforts jusqu'à la route des américains où la pente s'accentue mais où personne ne veut imposer un gros tempo.
Au détour des lacets j'aperçois mon ancien groupe revenir sur nous, tant pis les efforts du grand ballon n'auront pas servi à grand chose.

Ça se confirme sur les crêtes où c'est le regroupement général.
Second passage au Markstein et je prend les commandes pour la descente vers Lautenbach.
Le petit col de Bannstein qui suit est une formalité et on enquille quelques minutes après sur le col du Firstplan qui bien que roulant fait exploser notre groupe. Je sors en compagnie de 4 acolytes content des sensations après 4h de courses mais quand même prudent au vue de l’enchaînement qui s'annonce.
Dans cette optique je m'arrête au ravito au pied du petit ballon pour remplir un bidon. Le pied de ce col est très dur, les passages à 15% s'enchainent avec très peu de répit puis la pente devient plus régulière dans la forêt mais sans passer sous les 8%!

En passant devant l'auberge du Ried au 2/3 de la montée je sens que les jambes tournent beaucoup moins rond. J'ai beau avaler un peu de crème de marron et beaucoup de boisson énergétique je vais tout droit vers l'hypoglycémie (maudite barre de 4h30...

) et ce n'est pas la fin du col vent de face qui va arranger les choses.
A la bascule j'ai la lucidité de manger une barre mais il va falloir du temps pour que l'effet se fasse sentir, et du temps il n'y en a que très peu avant l'ascension suivante : le platzerwasel.
Ce col au nom imprononçable je m'en souviendrai toute ma vie. Dès les premières pentes, je suis très mal. Au bout d'un kilomètre j'ai les lèvres qui picotent, la vision troublée, plus de doute c'est la grosse fringale... et on est dans du 10%

Heureusement le mental tient le coup, et je me dis que ça me permet de comprendre ce que vivent les touristes anglais qui finissent la marmotte en 12h en roulant à 8km/h dans l'Alpe d'Huez!

Pendant ce temps je me fais doubler par pas mal de gars. Je dois perdre facilement 10' en 45' d'ascension.
Au col ça ne bascule pas vraiment, c'est encore des portions montantes sur la route des crêtes.

Heureusement ça devient un peu plus favorable avant le dernier passage au Markstein où je m'arrête de nouveau pour prendre de l'eau.
Cette micro-pause me fait du bien et je sens que les jambes reviennent petit à petit dans le retour vers le grand ballon d'autant que je retrouve quelques roues du grand parcours pour rouler à une vitesse correcte.
Au pied du grand ballon c'est la désillusion, cette fois-ci c'est les crampes qui me bloquent.

Obligé de temporiser et de laisser partir mes compagnons de route. Heureusement ça passe vite et je finis cette courte montée avec l’œil du tigre qui revient car ça sent bon l'écurie.
Il reste encore la montée du Viel Armand avalée comme une formalité avant la descente vers Wattwiller que je fais tambour battant pour garder le contact avec un allemand qui j'ai déjà vu plusieurs fois sur le parcours.
Dernière remontée vers Hirtzenstein où mon allemand m'attaque dès le pied avant que je ne le reprenne 500m plus loin pour le lâcher et finir sourire aux lèvres en 6h58! Mission accomplié!
www.strava.com/activities/1053377100/overview
Sinon je confirme ce qui a été dit sur cette course. Le parcours est vraiment beau et l'orga au top!